LE ROYAUME DES CIEUX
A l’extrême nord de l’Inde, bordé par le Pakistan et le Tibet, entouré des chaînes de montagnes les plus hautes du monde le Zanskar, que l’on surnomme aussi le petit Tibet, est constitué de quelques vallées aux somptueux paysages lunaires posées entre 3400 et 4400 m. Bien que situé sur territoire indien, le Zanskar possède les caractéristiques ethniques et culturelles du Tibet voisin : les quelque 15’000 Zanskarpas y ont les mêmes moyens de subsistance agricoles et pastoraux, une langue proche et une culture bouddhiste commune.
POPULATION
Les Zanskarpas se répartissent en villages isolés, de taille très inégale comportant de 1 à 25 familles, très majoritairement bouddhistes. A Padum, capitale du Zanskar, les 1500 habitants sont à part égale bouddhistes et musulmans.
Si l’hindi, langue officielle de l’Inde, et l’anglais sont maîtrisés dans les quelques villes du Ladakh et du Zanskar, les habitants des vallées ne parlent que l’ourdou (dialecte indo-iranien) et/ou le ladakhi (tibéto-birman).
La mortalité infantile est toujours élevée, l’espérance de vie moyenne est d’environ 42 ans dans les villages les plus pauvres et les plus isolés.
MODE DE VIE
Les habitations n’ont ni eau courante et l’électricité n’est présente que de façon sporadique. Coupées du reste du Ladakh, pendant les 6 mois d’hiver, les populations du Zanskar exclusivement rurales, vivent en autarcie. Elles profitent des 3 mois favorables aux cultures: orge, petits pois et blé, pour engranger ce qui sera nécessaire à leur survie pendant le long hiver. Seules quelques familles possèdent des animaux (yak, dzo, moutons et chèvres) Les yaks sont une précieuse ressource. Ils fournissent: lait, fromage, peaux, et bouses, qui, soigneusement ramassées et séchées, servent de combustible de chauffage.
Le travail est principalement effectué par les femmes et les enfants dès leur plus jeune âge. A cette altitude ce travail de la terre non mécanisé exige le port de lourdes charges avec, comme conséquence, un vieillissement prématuré.
ECONOMIE
Ces populations n’ont pas de revenus. Durant les 3 à 4 mois d’été elles se consacrent exclusivement aux cultures et aux récoltes domestiques, mais ne produisent rien qui pourrait leur fournir quelques revenus réguliers. Seule la vente annuelle d’une ou deux bêtes constitue une rentrée d’argent exceptionnelle.
L’hiver paralyse totalement toutes communications entre les villages, l’activité est alors inexistante. Les températures descendent jusqu’à -35°C. Les habitants sont livrés à eux-mêmes, les écoles fermées, l’isolement total.
L’été, le tourisme est de plus en plus présent sous la forme de treks organisés par quelques agences de la capitale ou plus récemment par des guides Zanskarpas. Cette activité ne profite qu’à quelques-uns (guides, horseman ou cuisinier) et n’a pas nécessairement d’incidence positive sur le quotidien de la population.
EDUCATION
Le gouvernement a construit des écoles au Zanskar. Aujourd’hui une majorité de villages dispose donc d’une école maternelle, parfois primaire ; généralement un bâtiment brut, sans aucun équipement, ni aménagement et souvent difficile d’accès.
Les conditions de scolarité sont ardues: les élèves sont assis au sol, à même la terre, et les instituteurs disposent de moyen pédagogique ou matériel restreint. L’enseignement prodigué n’est pas de très bonne qualité. Par ailleurs, n’ayant pas de revenus, les familles ne peuvent acheter les fournitures scolaires minimum pour les écoliers : livres, cahiers, cartables, uniformes….
Malgré la prise de conscience depuis quelques années de la part des parents quasiment tous illettrés, que l’éducation est la seule possibilité de donner un avenir à leurs enfants, il subsiste un fort taux d’absentéisme, y compris chez les enseignants. Les enfants ne vont pas à l’école pour diverses raisons : travaux des champs, éloignement géographique imposant parfois plusieurs heures de marche.